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Médecine fonctionnelle : une approche hippocratique de la santé !


Vaste sujet et débat que celui de la médecine fonctionnelle… Rassurez-vous, je ne compte pas en faire un exposé dans cet article ! Par contre, ce sujet me passionne par l’intérêt qu’il soulève dans la prise en charge des maladies chroniques par rapport à ma pratique de consultante en nutrition et micronutrition. Ce sujet est aussi l’occasion pour moi de rendre hommage à un homme que j’admire beaucoup, reconnu depuis plusieurs années, comme un expert dans ce domaine : le Dr George Mouton.

Prévention des maladies chroniques : le mal du siècle ?

Je ne suis pas seule à faire le constat que si notre médecine traditionnelle est efficace pour gérer l’urgence et guérir au moyen de traitements médicamenteux la plupart des maladies, elle n’est pas toujours suffisante et adaptée à la prise en charge des maladies chroniques qui, ces dernières années, il faut l’avouer, sont en constante augmentation.

Et pour cause ! Nos habitudes alimentaires et nos modes de vie ont subi des bouleversements considérables en seulement quelques décennies. Si, dans nos sociétés occidentales, les déficiences en macronutriments sont rares, par contre, la malnutrition en micronutriments y est très fréquente. Et notre patrimoine génétique est aujourd’hui complètement inadapté d’une part à notre alimentation et d’autre part, à notre mode de vie : aliments hyper-raffinés, déficients en micronutriments, hypercaloriques et inactivité physique généralisée. Bref, dans ce nouveau contexte, l’incidence des maladies dégénératives et chroniques au niveau des populations vivant dans les pays industrialisés prend des allures d’épidémies !

Pourtant, pour bon nombre d’entre elles (maladies cardio-vasculaires, neuro-dégénératives, auto-immunes, diabète, obésité, allergies, etc.), les relations entre alimentation et santé et la prévention au niveau communautaire, bien que difficile à mettre en place, ont montré leur efficacité pour certains types de nutriments ou micronutriments. Quant à la prévention individuelle, si elle reste complexe également aujourd’hui à mettre en œuvre car elle met en jeu de très nombreux paramètres influençant la relation médecin / patient, elle a également fait ses preuves.

Quel rapport me direz-vous avec la médecine fonctionnelle ?

Contrairement à l’approche de la médecine traditionnelle curative, la médecine fonctionnelle propose d’intégrer dans la prise en charge des patients des stratégies visant à restaurer l’adéquation justement entre l’individu et son environnement. Loin d’être empirique, elle utilise les connaissances de la physiologie et de la biochimie humaines élémentaires.

Elle a pour objectif premier l’optimisation des fonctions de notre organisme avec comme finalité la santé. Cette thérapeutique est basée sur une approche hippocratique de la santé. « Que ton aliment soit ta seule médecine », disait Hippocrate aux IVème siècle avant J.C. Alors, vous voyez, on a rien inventé !

Aussi la médecine fonctionnelle est liée également de près à la médecine dite nutritionnelle. De part son approche globale, elle s’attaque aux causes sous-jacentes des maladies et engage à la fois patient et professionnel de la santé dans un partenariat thérapeutique. En déplaçant l’approche traditionnelle centrée sur la maladie vers une approche médicale centrée sur le patient, les professionnels de santé traitent alors la personne dans sa globalité et non seulement dans un ensemble isolé de symptômes.

En médecine fonctionnelle et nutritionnelle, le médecin opte pour une écoute approfondie et regarde avec soin les différentes interactions entre la génétique, les facteurs environnementaux, le style de vie et tous les facteurs qui peuvent influencer la santé à long terme ou intervenir dans les maladies complexes et chroniques. La médecine fonctionnelle implique la compréhension des origines, la prévention et le traitement des maladies complexes et chroniques.

Regards croisés...

Interview de Claude Berdoz, consultante en nutrition et micronutrition

« Forte de mon expérience et de ma relation avec mes patients, je suis convaincue aujourd’hui que la médecine fonctionnelle devrait être considérée comme une approche de base, indispensable à la gestion des maladies chroniques qui accompagne le patient dans sa quête individuelle d’un équilibre de santé. La vocation des professionnels qui la pratiquent : éduquer le patient en s’assurant qu’il se prend en charge lui-même et qu’il participe activement à son traitement. Selon moi, l’adhésion d’un patient à un protocole de soins ou à l’observance d’un traitement peuvent être facilités par la construction d’une démarche éducative centrée sur le patient et c’est bien là tout l’enjeu de la médecine fonctionnelle par rapport à la médecine plus traditionnelle. Loin d’être exclusive, elle est selon moi complémentaire aux autres approches médicales dont elle améliore souvent l’efficacité ou réduit les effets secondaires. »

Interview du Docteur George Mouton

« Médecin généraliste, j’ai aussi un autre dada : l’écosystème intestinal ! Et, dans ma pratique quotidienne, je défends l’idée que notre santé globale dépend en partie de notre flore intestinale ! Ainsi, par exemples, les dérèglements intestinaux sont à l’origine de problèmes qui sont de plus en plus fréquents dans nos sociétés. C’est le cas des allergies, des inflammations et des maladies intestinales chroniques inflammatoires par exemples. Associés à des modifications du mode de vie, les aliments fonctionnels et les micronutriments aident à modifier la communication cellulaire à la base de ces nombreuses maladies chroniques. Cependant, j’ai bien conscience également que la médecine fonctionnelle et nutritionnelle rencontre ses limites car on ne peut tout résoudre avec l’alimentation, voire avec la micronutrition. Au départ, le patient cherche une solution durable de son problème par un traitement de la cause plutôt que par le seul intermédiaire d’une intervention purement symptomatique. A l’arrivée, il se retrouve assez souvent avec un « effet secondaire » imprévu: il va rester en bonne santé et, avec un suivi correct, il le restera longtemps.

Mais de tels objectifs ne doivent-ils pas nous rendre plutôt perplexes ?

En effet, si on s’en tient à la définition « officielle » donnée par The Institute for Functional Medicine ou IFM, basé à Washington, considéré comme la référence en la matière. « La médecine fonctionnelle a pour objectif de s’attaquer aux causes sous-jacentes à la maladie. Elle utilise une approche multimodale et implique l’engagement à la fois du patient et de celui (de celle) qui le soigne dans un partenariat thérapeutique ». Comme je vous le disais, il faut s’attendre à de la « sueur » et à des « larmes », mais il s’agit vraiment de prendre le problème à bras le corps, pas de jouer la montre avec des mesures superficielles qui ne règlent pas les dysfonctionnements sous-jacents ! Il ne s’agit plus de soigner une maladie, mais bien de soigner le patient. Selon moi, le concept même de maladie s’avère d’ailleurs totalement dépassé. Il n’y a pas deux maladies identiques car chaque patient est différent et il souffrira à sa façon pour des raisons différentes. Dans bien des cas, il n’est même pas question de maladie mais plutôt d’une série de dérèglements qui amènent le patient à consulter alors qu’il n’est pas – à strictement parler – malade. C’est le meilleur moment pour intervenir car la maladie peut survenir à tout moment: corrigeons les causes tant qu’il en est temps ! La médecine fonctionnelle n’a que faire des étiquettes : « côlon irritable, syndrome de fatigue chronique, fibromyalgie ». D’ailleurs, à bien y réfléchir, que signifient ces diagnostics ronflants ? Une simple définition des plaintes du patient permettant de le ranger dans un tiroir qu’on va refermer bien vite car on ne sait plus quel médicament lui prescrire ! Or, il ne s’agit pas de prescrire un produit chimique étranger au corps humain qui plus est à long terme, mais bien de comprendre ce qui ne fonctionne pas. Et, je rejoins Claude Berdoz sur le fait que c’est bien tout l’enjeu de la médecine fonctionnelle et nutritionnelle comme elle le dit d'ailleurs très bien dans son dernier livre "Aller simple vers la guérison" et pour lequel vous pouvez retrouver mon témoignage ici.

Pour aller plus loin...

Je vous invite à consulter le site web du Dr George Mouton : www.gmouton.com

Auteurs du livre "Ecosystème intestinal et santé optimale" dans lequel il explique en détails comment la flore intestinale influence notre santé, il est également l'auteur d'un dernier ouvrage intitulé "Introduction à la Médecine Fonctionnelle" dans lequel il y présente de façon très accessible pour tout un chacun comment la médecine fonctionnelle peut améliorer notre santé et ainsi notre bien-être. A lire absolument ! Ce livre est en vente ici.

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